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logo Artisans du Développement Durable - Agenda 21 : lettre d'information du 4 ième trimestre 2015.


La 21 ième conférence des Nations Unies sur le climat (COP 21) aura lieu du 30 novembre au 11 décembre 2015 à Paris. Elle a pour but d'élaborer un traité international pour maintenir le réchauffement climatique mondial en deçà de 2°C.
De nombreuses voix scientifiques, politiques, socio-économiques, spirituelles se sont exprimées sur le sujet pour rappeler l'urgence écologique et la nécessité de réduire la pauvreté dans le monde. Comment apprécier le succès ou l'échec de cette conférence, impliquant plus de 190 pays ayant des politiques environnementales et socio-économiques très différentes ?
La lettre vous propose d'en décrypter le résultat à partir de quatre enjeux essentiels au regard du développement durable et d'organiser au cours du prochain trimestre une réunion débat sur ces thèmes.

ENJEUX de BIODIVERSITE : ENGAGEMENT VERS LA TRANSITION AGROECOLOGIQUE

Les écosystèmes contribuent à la régulation du climat à toutes les échelles. Les océans produisent 50% de l'oxygène que nous respirons et constituent un puits à CO2 pour 1/4. Mais les changements d'usage des sols peuvent agir aussi significativement sur les températures et les précipitations d'une région donnée. Plus globalement, ils affectent le climat en séquestrant du carbone (dans le sol ou dans la biomasse) et en émettant des gaz à effet de serre vers l'atmosphère (CO2, N2O, CH4 par exemple). Or selon le MAE (Millennium Ecosystem Assessment )(1) au cours des trois derniers siècles l'Homme a dégradé de nombreux services écosystémiques pour satisfaire son bien être et son développement économique (nourriture, eau douce, bois, énergie ...) Pour enrayer cette érosion qui s'opère au détriment des besoins des générations futures, des changements importants des politiques, des institutions et des pratiques, sont nécessaires. Ils passent selon la MAE par la transformation radicale dans la manière de concevoir les systèmes agricoles de demain, en réintroduisant la biodiversité au cœur du fonctionnement des agrosystèmes. L'agroécologie apparaît dans ces conditions comme la piste susceptible de dépasser les oppositions entre production et environnement. La prise en compte de cet enjeu dans le document final constituera une avancée significative pour la restauration des sols et leur capacité à nourrir durablement 9 milliards d'habitants à l'horizon 2050.
(1)=> Voir le résumé analytique du rapport de synthèse

ENJEUX de GOUVERNANCE : de l'INTENTION à l'ACTION !

Pour enrayer la pollution due aux énergies fossiles les pays s'orientent vers un mix énergétique 100% renouvelable à l'horizon 2050-2100. En attendant d'atteindre cet objectif les pays dits industrialisés utilisent une énergie de transition plus ou moins polluante qu'ils réduisent progressivement. En France c'est l'énergie nucléaire qui joue ce rôle tampon, en Allemagne c'est le charbon. (voir schémas ci-contre).
Chaque pays est un cas particulier qui en fonction de son contexte, emprunte un chemin spécifique pour atteindre cet objectif..
Pour aider les pays émergents à réaliser leur transition énergétique, les "pays industrialisés" se sont engagés lors de la COP de DURBAN en 2011 à constituer un "fonds vert". Il doit atteindre 100 milliards/an en 2020. Or actuellement il ne serait abondé qu'à hauteur de 10 milliards. Pour aboutir Il faut donc que les pays précisent les modalités concrètes qui permettront d'initier les projets pour lutter contre le dérèglement climatique. Faute d'accord la réalisation de la transition énergétique serait différée. Bien entendu de nombreux points demeurent en suspens, notamment le financement de l'économie bas-carbone.
On voit donc que si la conférence trouvait un accord pour substituer "l'agenda des solutions" à "l'agenda des intentions" des COP précédentes un pas significatif serait franchi.

ENJEUX de DEMOCRATIE : AFFIRMATION DE LA PARTICIPATION DES CITOYENS A L'OEUVRE COLLECTIVE

L'individu est au coeur de la lutte contre le dérèglement climatique et y participe de diverses manières et à différents niveaux comme acteur ou bénéficiaire.
En tant que consommateur c'est lui qui décide du contenu de son assiette. C'est lui qui décide des achats de produits locaux ou non, contribuant ainsi au transfert de la pollution des pays "riches" vers les pays les moins-disants environnementaux et sociaux.
En tant qu'investisseur il peut par exemple effectuer des travaux d'isolation dans son logement pour économiser de l'énergie.
En tant que client il peut choisir l'institution financière dans laquelle il effectuera ses placements en fonction du comportement "de responsabilité environnementale et sociétale" de l'établissement.
En tant que citoyen notamment au sein d'associations, ONG ou fondations... il constitue une force d'expertise susceptible d'alerter les pouvoirs publics sur différents problèmes, contribuer à la définition et au contrôle des politiques publiques. Il est aussi en mesure de sensibiliser et d'éduquer ses concitoyens pour diffuser une culture du développement durable et favoriser ainsi la compréhension et l'acceptation par tous de règles appropriées. Son mode de vie et son comportement sont donc de puissants leviers d'action en faveur de l'environnement.
Les Agendas 21 qui organisent les projets locaux initiés par les collectivités territoriales et définis lors des précédentes COP, prévoient la participation des citoyens à l'oeuvre collective. La réaffirmation de ce principe démocratique constituerait un marqueur positif de la 21 ième COP.

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ENJEUX TERRITORIAUX : ASSURER LA RESILIENCE

Dans les territoires de nombreux acteurs privés ou publics interviennent.
Les mégapoles concentreront 80% de la population vers 2050. Dans ces conditions la lutte contre le dérèglement a peu de chance d'aboutir si les villes n'y contribuent pas avec la participation active de leurs habitants. Pour qu'elles "soient vivables" elles doivent donc adapter leurs politiques environnementales pour réintroduire la nature dans leur univers minéral, prendre les mesures nécessaires pour éviter, voire éliminer la pollution notamment pour des raisons de santé publique, et surtout développer une culture du développement durable de leurs habitants pour que les mesures qu'elles décideront soient comprises, acceptées et appliquées de manière irréversible. Déjà de nombreuses cités se sont engagées dans la voie de la résilience, aussi leurs propositions devraient apparaître dans le traité.

La transition énergétique et la "ré-invention" d'une économie durable nécessite la mobilisation de financements publics et privés, importants sur le long terme. Il faut en effet passer d'une économie d'exploitation (voire de destruction) de ce qui était abondant et est devenu rare (énergie, matériaux, ressources naturelles ....) vers une économie de services qui met en valeur ce qui était rare et est devenu abondant (savoirs, information, compétences...). Pour cela la recherche et l'innovation devront indiquer les voies qui y conduisent notammment en s'inspirant du biomimétisme pour en assurer la durabilité. Les investisseurs devront donc notamment relacher la pression sur les ressources fossiles pour réorienter leurs investissements vers la production des énergies renouvelables et la recherche. Le traité devrait donc proposer des pistes indiquant comment les financements publics et privés pourront se conjuguer dans l'intérêt général des territoires.